Série: Arsène Lupin #4
Auteurs: Takashi Morita
Editeur BD:
Une chronique BD: Génération BD


L’histoire :
Ambrumésy, petite bourgade normande. En pleine nuit, les habitants du château du Comte de Gesvres sont réveillés par un coup de feu. Des voleurs sont surpris en pleine exaction au cœur même de la demeure. Alors que le serviteur attitré du Comte est retrouvé mort et le dit-Comte étendu par terre, inconscient, sa nièce ouvre le feu sur un des malfrats qui tombe, gravement touché.
Cependant, le corps de ce dernier reste absolument introuvable, alors qu’il lui eut été impossible de sortir de l’enceinte ! Pire, aucun vol n’est constaté, alors que des témoins certifient avoir vu les malandrins emporter d’imposants fardeaux.
L’Inspecteur Ganimard et le juge d’instruction Filleul ne parviennent pas à démeler cette étrange affaire. Seul, Isidore Beautrelet, étudiant-détective amateur parvient à entrer dans les schémas de pensée de l’instigateur, qui ne serait autre qu’… Arsène Lupin, le gentleman cambrioleur !
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Dans la 2ème partie, Arsène Lupin revient à l’avant-plan de l’histoire : se rendant compte que son jeune rival est sur le point de découvrir tout son plan, il fait enlever le père de Beautrelet, afin d’exercer sur lui un violent chantage psychologique. Las, notre perspicace détective ne s’en laisse pas conter et révèle à la France entière la solution aux 2 énigmes principales : « Comment Lupin a-t-il échappé à la mort » et « Qu’est-il exactement arrivé à Melle de Saint-Véran ? »
Un dernier mystère reste cependant : que cache le mystérieux document codé de l’aiguille creuse ?
Une double course-poursuite entre le génial malandrin et Beautrelet s’engage alors : retrouver au plus tôt son père et tous les captifs de Lupin, et découvrir enfin le secret de l’aiguille creuse ! Pourtant, c’est au moment où notre fringant détective pense découvrir toute la vérité sur cet ultime arcane, au moment où il triomphe et tourne en dérision le gentleman cambrioleur qu’il se rend compte s’être complètement fourvoyé !

Mon avis :
L’aiguille creuse est sans nul doute l’aventure la plus célèbre du héros de Maurice Leblanc. En réorchestrant l’ordre des différents romans d’Arsène Lupin et en faisant ainsi passer en premier « La lampe juive » et « Les diadèmes de la Princesse de Lamballe », Takashi Morita a pris le temps de poser les principaux éléments de l’univers de l’auteur, à savoir le génie du crime organisé de son héros, les multiples rebondissements et retournements de situation, les Némesis Ganimard et Herlock Sholmes (Conan Doyle avait refusé en son temps l’utilisation par Leblanc de son héros, d’où cette modification grossière du nom)…
Fort de ces 2 tomes (qui n’ont d’introductif que le nom !), tout lecteur non-coutumier de cette œuvre est désormais suffisamment outillé pour saisir toutes les arcanes de cet univers du début du XXème siècle.
Cependant, l’idée géniale de cette histoire –dans sa 1ère partie- est de mettre totalement à l’arrière-plan le célèbre voleur, au profit du jeune Isidore Beautrelet, décrit comme un génie de la rhétorique et des crimes mystérieux…
C'est donc aux côtés de ce jeune garçon que l'on assiste à une enquête dont les tenants et aboutissants, les énigmes et les révélations, se feront toujours plus captivantes tandis que le danger devient de plus en plus persistant. Suivre Beautrelet dans ses investigations, ses interrogations ses déductions, s'avère réellement palpitant sous la plume d'un mangaka qui amène chaque évolution avec une vraie passion. Il faut dire que le mangaka met les bouchées doubles dans sa mise en scène de Beautrelet, tant on sent, y compris dans sa postface, que ce jeune détective en herbe l'a captivé. A tel point qu'un seul tome n'était pas suffisant pour qu'il adapte tout le roman !
Dans sa seconde moitié, Arsène Lupin se confronte directement à Beautrelet. Se livrant à une véritable course contre la montre, la tension inhérente à ses découvertes se fait sentir au travers de chaque case mise en scène. Une réelle frénésie s’échappe des planches de Takashi Morito, rendant cette lecture haletante !
Une mise en scène dynamique ponctue encore ces 2x 240 pages d’enquête.
Cette œuvre de Raymond Leblanc n’est cependant pas terminée ! Une 3ème partie est prévue pour conclure enfin cette mystérieuse aiguille creuse… Publication annoncée pour Septembre 2016 !