Le prince des ténèbres
Série: JOUR J #29
Auteurs: Fred Duvel, Jean-Pierre Pécau et assisté de Fred Blanchard, Igor Kordey, Jérôme Maffre
Editeur BD: Delcourt
Une chronique BD: Génération BD
Agent du FBI, John O'Neil a été surnommé "le Prince des ténèbres" par ses collègues auxquels il inspire respect et admiration. Avant tout, O’Neil fait aussi de ceux qui ne lâchent jamais une affaire. L’enquête qu’il mène porte sur l'attentat à l'explosif de Khobar, près de Dhahran en Arabie saoudite. C’est là que le 25 juin 1996 une camionnette remplie d’explosifs a explosé au sous-sol de l’immeuble abritant des militaires américains, faisant 19 victimes parmi eux. C’est la première fois qu’il entend parler d’Oussama Ben Laden, un gros entrepreneur venu du Yémen dont les affaires ont bien prospéré au point qu’il a même signé plusieurs contrats pétroliers avec Aramco. Rentré à New York, c'est un son de cloche bien différent qu'il entend de la bouche d'un infiltré soudanais, Al-Fadl. Celui-ci affirme qu'un groupe nommé Al-Qaïda serait à l’origine de plusieurs attentats perpétrés dans le monde. John aura tôt fait de comprendre que ce même Ben Laden est à la tête d'un groupe aux ramifications insoupçonnées jusqu'ici et qu’il a en tête de libérer la péninsule arabique et d’apporter son soutien à tous les groupes révolutionnaires islamiques dans le monde entier. Le pire est qu'il a les moyens financiers et tactiques de ses projets. Une conversation téléphonique captée entre Ben Laden et l’un de ses lieutenants évoque "le plan des avions" mais aussi d’autres attentats revendiqués par Al-Qaïda comme à New-York le 26 février 1993 au sous-sol d’une des tours du World Trade Center, à Ryad en Arabie Saoudite le 13 novembre 1995 contre la Mission de coopération saoudo-américaine, à Addis-Abeba en Éthiopie le 26 juin 1995 contre le président égyptien Hosni Moubarak, à Islamabad au Pakistan le 19 novembre 1995 contre l’ambassade d’Égypte. Pour O'neil, tout est clair. Il doit au plus vite se mettre en contact avec la CIA pour faire le point de la situation et la convaincre de joindre leurs force face à une telle menace.
Mon avis : Sous forme d’uchronie, ce polar noir retrace le parcours de Ben Laden jusqu'à l’attaque des tours jumelles de New York. Car les personnages ont bel et bien existé et John O'Neil est mort le premier jour de son nouveau job de responsable de la sécurité du World Trade Center le 11 septembre 2001. Quelle ironie du sort ! "Jour J" soulève une vaste question dans cette trilogie : que ce serait-il passé si l'attentat avait été déjoué par O'Neil et quel rôle auraient pu jouer John Kerry et Barack Obama dans cette docu-fiction – pur produit de l’inventivité des scénaristes Fred Duval, Jean-Pierre Pécau et Fred Blanchard qui s'en donnent à coeur joie – dans laquelle le vrai côtoie le faux, l'impensable la terreur, et le rationnel l'imaginaire ? Au dessin, Igor Kordey nous propose une mise en images des événements dans un style cinématographique séduisant. Dans chaque case, chaque scène, on reconnaît les héros de cette aventure hors normes, tant Georges W. Bush que Ben Laden. Les scènes de guerre sont très réalistes, les paysages et décors rigoureux pour nous plonger avec effroi dans ce thriller où les deux tours (dont on a commémoré ce 11 septembre 2017 le triste anniversaire de l’attaque la plus meurtrière et bien réelle de l’histoire) échappent finalement au carnage. A noter que les deux premiers tomes de cette trilogie sont sortis simultanément.