Negalyod
Dessinateur : Vincent Perriot
Editeur: Casterman
Mon avis
Une claque ! Un pavé de plus de 200 pages que j’ai lu avec délectation et grand intérêt ! Pourtant sorti courant septembre 2018, je n’ai pris le temps de le lire posément et en détails que courant décembre pour enfin vous en servir la chronique. Mon verdict sera simple : c’est de la bombe !
Le dessin est splendide, lorgnant sur Giraud et Boucq, voire Schuiten pour l’architecture des villes ; les détails sont soignés, les cadrages sont magnifiques, tout est très largement travaillé et ce bouquin a dû prendre au moins deux ans à notre jeune auteur. C’est un monument de travail à la plume, tout est hyper fouillé et même des planches avec des centaines de personnages pour lesquelles l’auteur ne laisse pas la part à la facilité ; chaque personne a ses propres vêtements, ses propres références et son histoire et se distingue de son voisin ! On lui doit déjà Taïga Rouge, Belleville Story ou encore Paci mais ici il nous régale véritablement de sa virtuosité et de son inventivité.
Grandes cases, pleines pages, vue en plongées et contre-plongées dans la ville, scènes de chevaux, d’attaques et de courses, constructions et mises en pages audacieuses, je n’ai pas assez de mots pour décrire le travail exceptionnel de Vincent Perriot !
L’univers qu’il crée mêle science-fiction et aventure, nous y retrouvons un monde post apocalyptique peuplé essentiellement de déserts arides dans lesquels évolue notre berger conducteur de troupeaux de dinosaures ! Les villes flottantes sont parcourues de grands tuyaux énormes, des vestiges de la civilisation passée traînent dans les zones hors ville. La maîtrise de l’eau et du réseau d’aqueducs sont l’apanage de la Ville haute et les autres doivent survivre. Références et mélange de l’univers de Jeremiah, Mad Max, avec des dinosaures et l’esprit de Moebius malgré le western plutôt façon Giraud ?
Tout a pourtant commencé par un jeu comme l’explique l’auteur : il voulait expérimenter une nouvelle technique de dessin et casser son style. Il a ainsi voulu travailler tout à la plume et encre de Chine, à l’ancienne. Pour s’entraîner il a choisi de dessiner le bozkachi, un sport pratiqué en Asie centrale et au Moyen Orient. Des centaines de cavaliers dans une plaine se disputent une peau de chèvre morte et remplie de sable, et le gagnant est celui qui parvient à s’emparer de la peau et de s’échapper du troupeau. Vincent Perriot a ajouté un camion-citerne fuyant dans cette masse de cavaliers, et a réalisé une immense illustration de 2 mètres sur 80 cm !
Les couleurs de Florence Breton, la coloriste de Moebius, rendent aussi hommage au maître Moebius dont Vincent Perriot avoue s’être inspiré.
A recommander la lecture de l’album limité à 1.300 exemplaires, grand format en N/B qui permet de mieux observer la finesse du trait et la richesse des détails de Vincent Perriot. Personnellement j’ai lu les deux versions parfois conjointement tant le noir à la plume et encre de chine est merveilleux et vraiment très intéressant.
Un coup de cœur sans hésitation, une recommandation !
Blog de l’auteur : ici
Maroulf