Après avoir décrit les exploits de ces fous de la vitesse, l’aventure continue, un record est par définition toujours quelque chose à battre ! L’aventure reprend en 1964 où Donald Campbell établissait le record officiel de 645 km/heure, établissant la même année un record de vitesse… sur eau. Dès l’année suivante, le record fut battu à trois reprises par trois concurrents différents, la troisième étant de plus de 700 km/heure par Craig Breedlove. Le même refit une tentative pour battre les 800 km/heure mais cela faillit mal se terminer car un problème technique lui fit perdre le contrôle de son véhicule, la parachute de freinage et les freins eux-mêmes déclarant forfait. C’est très chanceusement que le pilote termine son hors-piste dans la flotte (après un dérapage continu de 10 kilomètres quand même !). Plusieurs tentatives eurent encore lieu mais les candidats se raréfiaient face à la difficulté de bricoler ces engins toujours plus véloces. Après son hors-piste, Craig Breedlove refait une nouvelle tentative… et termine à nouveau dans la flotte sans être blessé ! Quand on a la baraka… Une femme nommée Betty Skelton dont la moindre des qualités était ‘en remontrer aux hommes, atteignit les 506 km/heure, résultat tout à fait honorable ! Indécrottable optimiste, Craig Breedlove fait une nouvelle tentative et monte le chrono à 888 km/heure. Pas en reste, son concurrent, Art Arfons le fait monter à 922 km/heure. Piqué à vif, Craig Breedlove atteint les 960 km/heure ! 1966 sonne l’hallali de ces fous du volants, Art Arfons réussissant l’exploit de sa crasher à du 940 km/heure en s’en sortant juste avec des égratignures ! Moins chanceux, l’année suivante, Donald Campbell se crashe sur son bateau pour tenter de battre un nouveau record de vitesse sur l’eau, il ne va pas y survivre.
Qu’est-ce qui peut donc pousser des hommes à se lancer dans des records improbables de vitesse sur ce lac desséché ? Le rêve Américain ? L’album pourrait traiter ces hommes de fous mais préfère les décrire comme des personnes qui ont envie de vivre leurs rêves jusqu’au bout, quitte à y laisser leur vie ou tout au moins leurs avoirs.
Quand on voit la sensation que cela donne de rouler à du 150 km/heure sur autoroute, on ne peut avoir aucune idée de ce que serait notre sensation si on roulait à du 960 ! Qui plus est dans un véhicule bricolé, très rudimentaire dans son dispositif de sécurité…
Marvano a fait le choix de mettre en valeur ces pionniers un peu fous à la recherche de nouvelles performances toujours plus folles. Si avec le recul, ces tentatives peuvent peut-être paraître surannées, elles n’en sont pas moins les témoins d’une époque où tout paraissait possible, y compris les rêves les plus fous et les moins raisonnables.
En relatant ces aventures improbables qui feraient reculer les plus cartésiens d’entre nous, l’auteur nous ouvre la voie des possibles et redonne de la spontanéité et de la liberté bienvenues dans notre monde devenu trop formaté. Certes, ces personnes étaient folles de se lancer dans de telles entreprises mais elles ont démontré par ce biais qu’elles pouvaient mener leur aventure jusqu’au bout, quasiment sans concessions.