CHRISTIAN DE METTER pour ROUGE COMME LA NEIGE

Rouge comme la neige, Christian de Metter – Casterman (coll. Univers d’auteurs)

Pour son nouveau roman graphique, Christian De Metter commet un western aux allures modernes,  une aventure humaine âpre et violente truffée de pièges, de faux-semblants et de coups de théâtre : ici pas de chapeau blanc ou noir pour distinguer les bons des méchants, tous les chapeaux sont gris…

États-Unis, 1896. Dans une petite ville du Colorado, on juge un homme soupçonné d’enlèvements d’enfants mais le procès tourne court. Une femme venue assister au jugement avec son fils Sean, la veuve MacKinley, fait évader MacFly, persuadée qu’il possède des informations sur sa fille Abby dont elle est sans nouvelles depuis sa disparition. Cette mère éplorée se pense suffisamment forte pour contraindre son prisonnier à la conduire jusqu’à Abby. Mais ce n’est pas si simple. Tandis que le shérif Cassidy organise la traque pour retrouver les fuyards, MacFly, de plus en plus cynique et inquiétant au fil de l’échappée dans la montagne et le blizzard, révèle à Sean et à sa mère qu’il connaissait bien leur père et époux George MacKinley, mort à la bataille de Wounded Knee…

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Faire un western était pour moi un défi, un coup de pied aux fesses… C’est un univers qui m’attire graphiquement mais que je n’aime pas. J’adore les décors, les personnages, les gueules et les flingues, alors j’ai fait un western mais à ma façon, en flirtant avec le genre, en le réinventant !
C’est une histoire sombre, j’aime creuser l’âme humaine, creuser les personnages, les comprendre sans les juger ni sans les défendre. Dans cette histoire tout le monde a sa part de culpabilité, une façon pour moi de vider ma part sombre…
L’idée de base de Rouge comme la neige, c’était deux projets qui ont fini par se chevaucher, l’histoire de cette femme qui au lieu de se venger de celui qui a enlevé sa fille est emmenée à devoir le sauver d’une part et d’autre part  un projet autour de Wounded Knee, le massacre des Indiens, mais je voulais évoquer la révolte qui a eu lieu un siècle plus tard, dans les années 70. J’ai resitué Wounded Knee à son époque afin que les récits concordent et tous les fils se sont mis en place.

Je me creusé la tête pour savoir quel style allait le mieux correspondre à cette histoire, pour être dans l’ambiance. Je suis retourné au dessin que je n’avais plus pratiqué depuis longtemps, où j’avais l’impression de ne plus être aussi bon que quand j’étais jeune. J’ai travaillé avec un stylo et un crayon et les couleurs ont été faites à l’ordinateur. J’ai fait à l’ordi ce que je faisais en général avec mes pinceaux ! Les traits, les gribouillis qui barrent les images je les ai faits pour salir les images, pour redynamiser l’histoire. J’ai essayé de faire le plus instantané possible, de libérer une tension, une énergie et en exprimant une notion de mouvement et de vitesse...
Le titre Rouge comme la neige c’est la neige qui sert à recouvrir et le rouge, le sang qui en ressort, c’est le passé qui ressurgit, un passé très violent. J’ai fait un livre pratiquement monochrome avec seulement quelques touches de couleur, de rouge, du sang…

Il y a des points communs avec le film des frères Coen : « True Grit », le personnage du shérif barbu, bouffi et alcoolique… J’ai situé mon histoire au même endroit où a été tourné le film, ainsi que le film original. J’ai retrouvé des documents d’époque, mais je me suis aussi servi des décors du film des Coen. J’aime bien ancrer des choses imaginaires dans le réel. Je veux que les gens pensent que cette histoire a vraiment existé…

Concernant « Une Journée particulière », le réalisateur Patrice Jeudi avait comme projet de faire un documentaire sur la journée de l’assassinat de Kennedy et il avait besoin d’inclure des images, des peintures qui représentaient les moments dont on n’a pas d’images. Partir du vrai pour faire du faux mais un faux qui devait faire vrai, j’ai travaillé pour retrouver les décors, les personnages présents à un moment donné et leurs costumes. C’était passionnant à faire. Une reconstitution historique mais qui reste une composition qui puisse permettre à une caméra de se promener. J’avais deux mois pour faire une vingtaine de peintures j’ai donc structuré cette période pour arriver à mes fins, adapter le format de mes peintures. Ainsi j’en ai rajoutés pour le bouquin et encore d’autres pour l’expo.
 
(Pour les cinéphiles, le film « True Grit » des frères Coen, est l'adaptation du roman de Charles Portis, déjà porté à l'écran en 1969 sous le titre « Cent dollars pour un shérif » par Henry Hathaway avec John Wayne dans le rôle principal. Il y a une suite sous le titre « Une Bible et un fusil ».)
 
 
 

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